Contre l’homophobie ambiante

Publié le par Cemea de Basse Normandie

Quand le sage désigne la lune, l’idiot regarde le doigt… Aujourd’hui, on peut légitimement se demander si ce n’est pas le doigt qu’il faut regarder. Se poser des questions sur le sage, se demander pourquoi diable il nous montre la lune, et pourquoi de cette façon si péremptoire ?

Le récent débat sur le « mariage pour tous » a atteint des sommets dans la bêtise, jusqu’à faire injure au mot lui même et masquer des enjeux plus prosaïques ; ceux qui concernent les enfants. Pas sur ce que ce mariage pour tous va engendrer dans la paternité, la maternité, l’éducation familiale quelle qu’en soit la forme. On a tout entendu, la réalité règlera la question dans une poétique banalité. Mais sur la façon de former et d’informer les enfants, à l’école et dans les autres lieux d’éducation.

D’un seul coup les enseignants, les animateurs, les soignants vont se trouver confrontés à une situation singulière, celle de devoir sexuer leurs propos. Jusqu’alors, parler de mariage semblait facile tant le concept de l’union homme-femme avait dépassé la morale pour aller à l’habitude. Il sera difficile de régler la question en une phrase pour parler de l’union de deux hommes ou de deux femmes. Il faudra trouver les mots pour aider les enfants à comprendre le sens de l’union entre personnes du même sexe. Quel que soit le vote du sénat, il faudra parler de la question de l’enfant dans ces couples. Il faudra aussi parler de mariage civil et de mariage religieux, parce que le mariage religieux entre deux personnes du même sexe, ce n’est pas directement pour demain ! Plus encore, il sera nécessaire de s’aventurer sur la question de l’origine du mariage, de faire valoir au nom de l’égalité des droits celui de ne pas se marier. Aller encore plus loin pour tenter d’expliquer la différence entre le mariage et le pacs.

De fait, l’homosexualité s’installe dans le débat éducatif. Enfin ! Parce qu’il nous semble que l’homophobie est de moins en moins latente. Qu’elle est violente, dans les cours d’école et de collèges, violente dans les temps de loisirs et de vacances quand les enfants, partageant plus de temps quotidien se laissent aller à exprimer ce qu’ils entendent dans leurs familles. Et à s’y arc-bouter sans trouver face à eux de contre-arguments bien virulents, tant il nous semble que les enseignants et les éducateurs sont démunis sur ce sujet. Sujet qui demande aussi un travail sur soi, une ouverture au monde et à l’autre qui ne sont pas aussi simples que leur simple énoncé. L’éducation pèse dit-on. Oui, lourdement et longuement. Tout cela valide l’obligation d’une éducation aux genres. D’une éducation sexuelle qui dépasse les fonctions de procréation et les contraceptions. Cela demande une éducation à la relation à l’autre qui ne soit pas fondée sur la domination. Un regard de l’éducateur, quelle que soit sa fonction et sa « spécialité » qui soit un regard qui tente d’ouvrir le monde sans le juger face aux enfants. Oui, tout compte fait, il vaut mieux se demander qui est le sage.

Alain GHENO, militant des CEMEA

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